Lire Lolita à Téhéran

En août 1979, après la chute du Shah, Azar Nafisi, diplômée de littérature anglaise aux États-Unis, retourne en Iran avec son mari, optimiste quant à la direction que va prendre son pays avec la révolution. Enseignante à l’université, elle ne tarde pas à déchanter en assistant à la naissance parmi certains de ses étudiants de positions religieuses rigoristes, puis à la répression brutale d’une manifestation au cours de laquelle une de ses étudiantes est arrêtée, puis exécutée. Le durcissement de la politique du nouveau régime, notamment dans la restriction des libertés des femmes, va lui inspirer une idée de résistance: réunir chez elle quelques-unes de ses meilleures étudiantes pour parler des classiques de la littérature occidentale, désormais interdits.

Notre avis

Lire Lolita à Téhéran dresse le portrait de la société iranienne dans les années qui ont suivi la révolution islamique, et souligne la résilience des Iraniennes qui, face à la restriction de leurs droits, cherchent — et parfois trouvent — des moyens détournés et discrets de trouver des espaces de liberté. Le film n’occulte toutefois pas la violence exercée par le pouvoir, qu’elle soit insidieuse ou brutale.

Tourné à Rome où les rues de Téhéran ont été reconstituées, avec une galerie d’actrices iraniennes vivant toutes en exil — Golshifteh Farahani en tête, qui porte le film avec conviction, Lire Lolita à Téhéran est autant une plongée dans l’histoire récente de l’Iran qu’un plaidoyer émouvant pour la culture, l’amitié et le droit à la liberté, pour laquelle des actes de résistance même minimes, loin d’être insignifiants, apportent force et consolation.