L’effet aquatique
Réalisation : Sólveig Anspach
Scénario : Sólveig Anspach et Jean-Luc Gaget
Acteurs : Florence Loiret-Caille (Agathe), Samir Guesmi (Samir), Didda Jónsdóttir (Anna), Philippe Rebbot (Reboute)…
La réalisatrice
De père américain et de mère islandaise, Sólveig Anspach suit une formation en philosophie et en psychologie clinique, avant d’intégrer l’école de cinéma la FEMIS à Paris. Elle en sort diplômée en 1989. Après avoir réalisé plusieurs courts métrages documentaires, elle passe à la fiction avec Vizir et vizirette (1993). Grand Prix du Jury et du Public au Festival international du Film de Femmes de Créteil avec Que personne ne bouge, elle connaît un franc succès avec son premier long-métrage Haut les cœurs (1999), qui retrace son expérience du cancer et vaut à Karin Viard d’obtenir le César de la meilleure actrice. Par la suite, Sólveig Anspach continue de faire des allers-retours entre documentaire, Made in USA (2001) et fiction, Stormy Weather (2003), Back soon (2008) tourné en Islande avec son actrice fétiche Didda Jónsdóttir que l’on retrouvera dans L’Effet aquatique, Louise Michel la rebelle (2010) avec Sylvie Testud. Son quatrième long métrage Queen of Montreuil (2013), une ode à la vie en banlieue parisienne, introduit le personnage d’Agathe interprété par Florence Loiret-Caille que l’on retrouvera également dans L’effet aquatique. En 2014, elle retrouve Karin Viard pour Lulu femme nue. Son dernier film, L’Effet aquatique (2015) sort sur les écrans près d’un an après la mort de la réalisatrice rattrapée par le cancer. C’est aussi le dernier film de sa trilogie loufoque avec Black soon et Queen of Montreuil. Le film « Certains films portent en eux une mélancolie profonde, de cette émotion liée à la disparition d’un être cher. L’Effet aquatique, le dernier film de Solveig Anspach est de cette veine. » ( L’Express)
Le point de départ de cette comédie loufoque n’a rien de tragique, il serait plutôt romantique.
Samir, la quarantaine dégingandée, grutier à Montreuil, tombe follement amoureux d’Agathe. Comme elle est maître-nageuse à la piscine Maurice Thorez, il décide, pour s’en approcher, de prendre des leçons de natation avec elle, alors qu’il sait parfaitement nager. Mais son mensonge ne tient pas trois leçons – or Agathe déteste les menteurs! Choisie pour représenter la Seine-Saint- Denis, Agathe s’envole pour l’Islande où se tient le dixième Congrès International des Maîtres- Nageurs. Morsure d’amour oblige, Samir n’a d’autre choix que de s’envoler à son tour…
« Pour Sólveig Anspach qui a fait ses premiers pas dans le genre documentaire, il s’agit de se jeter à l’eau au propre comme au figuré en transposant son action en terrain aquatique. Un vaste terrain aussi mouvant que troublant et surtout hautement démocratique. « Car les signes d’appartenances sociales ou religieuses ont disparu sous les maillots de bain moulants », reconnaît la réalisatrice. C’est ainsi que le cadre confiné et hors du temps de la piscine Maurice Thorez servira de décor à la quête amoureuse de nos deux personnages. Puis c’est sur une terre de feu, l’Islande, peuplée pour l’occasion d’une faune étrange de maître-nageurs que Samir et Agathe vont puiser l’énergie pour sceller leurs retrouvailles. Devant la caméra, ce tandem comico- romantique repose avant tout sur le jeu à la fois lunaire et solaire de la toujours merveilleuse Florence Loiret-Caille et sur la gaucherie bienheureuse de son interprète Samir Guesmi. On notera également la présence absolument indispensable de l’une des muses de Sólveig Anspach, la poétesse et actrice islandaise Didda Jónsdóttir et celle de Philippe Rebbot.
Co-écrit par la réalisatrice et son fidèle scénariste Jean-Luc Gaget, L’Effet aquatique allie à merveille humour et émotion. Basculant entre le burlesque et la comédie romantique, la politique et le poétique, cette comédie joue la carte du collectif, de ce Together cher à son personnage principal dans un monde pourtant propice à l’individualisme. L’une des scènes phares de L’Effet aquatique est celle où Samir, arrivé clandestinement à ce congrès des maîtres-nageurs, va s’octroyer l’identité d’un représentant israélien. Il va clamer sa volonté de parvenir à la paix en annonçant la construction avec son homologue palestinien d’une piscine commune. Applaudie chaleureusement par l’ensemble de l’assemblée, cette initiative en apparence naïve relève l’ironie d’un monde obsédé par le tout sécuritaire, dans lequel chacun des postes reste pourtant interchangeable.
On retrouve d’ailleurs cette même tentative du collectif dans ce monde en vase clos qu’est cette piscine municipale de Montreuil. Peuplé de personnages marginaux, cet aquarium à ciel ouvert fait se côtoyer un brave caissier, un directeur aux mœurs incertaines, une monitrice à l’appétit sexuel féroce et une jeune veuve au regard triste. C’est dans la diversité de ce monde que Sólveig Anspach va puiser la singularité de son langage et ce regard à la fois décalé et tellement en phase avec son époque. » (Le Monde) « L’Effet aquatique est la rencontre de deux gouttes d’eau qui font déborder le vase de la méchanceté, de l’indifférence, de l’égoïsme, bref le vase des mauvaises humeurs de ce début de siècle… Quand Sólveig Anspach était parmi nous, je disais que c’était notre porte-bonheur. Maintenant qu’elle nous a quittés, je dis qu’elle est notre ange gardien. Allez voir ce film. Il vous protégera vous aussi ». (Robert Guédiguian) PMP